ARTS
ET TRADITIONS DE NOEL EN PROVENCE
" Alegre, Diou nous alegre, cachofué ven, tout
ben ven, Diou nous fague la graci di veïre lan que
ven. Se sian pas mai que siguen pas men ".
Soyons joyeux, Dieu nous garde joyeux. Cachofué vient,
tout bien vient, Dieu nous fasse la grâce de voir lan
qui vient. Si nous ne sommes pas plus, que ne soyons pas moins.
Les
fêtes de Noël : Elles revêtent en Provence,
un caractère familial et collectif, et se caractérisent
par une veillée accompagnée de récits et
de mémoires parlés, de chants et cantiques, un
souper en commun, des cadeaux distribués. Ensuite la
messe de minuit avec les diverses cérémonies du
pastrage, des offrandes le jeu des pastorales et le chants de
Noëls.
Le
Noël provençal désigne habituellement un
chant ou cantique en langue provençale par lequel les
poètes traduisaient à la fois la ferveur religieuse
et les traditions locales. Le Noël est en effet chanté
en forme de dialogue et se prête fort bien aux jeux scéniques
retrouvés dans la pastorale : les plus célèbres
sont ceux de Nicolas Sabouly (1614-1645) ; ils retracent bien
plus quune histoire religieuse. les textes évoquent,
en effet, les rapports difficiles entre les pélerins
et les habitants du bourg pérché et fortifié,
dans le contexte de ce quétaient les régles
de lhospitalité de lépoque. Sachant
que la région était avant tout le refuge ditinérants,
de marchands ambulants, voyageurs égarés provoquant
peur et soupçon.
Les
13 desserts : Ils sont au nombre de treize comme les convives
de la Cène, (le Christ et ses 12 Apôtres) et peuvent
variés selon les villes :
- 1- Fougasse ou pompe à lhuile à base de
fine fleur de farine, dhuile dolive, deau
de fleur doranger et de cassonnade.
- 2 - Nougat blanc au noisettes, pignons, pistaches,
et surtout aux amandes.
- 3 - Nougat noir.
- 4 - Figues sèches. ( un des 4 mendiants)
- 5 - Amandes. (un des 4 mendiants )
- 6 - Noix. (un des 4 mendiants )
- 7 - Raisins secs conservés au grenier.
(un des 4 mendiants )
- 8 - Poires dhiver.
- 9 - Pommes.
- 10- Oranges ou mandarines.
- 11- Dattes.
- 12- Cédrats confits.
- 13- Confiture de coings et de fruits au moût
de raisins.
Le
cacho-fio : Cela consiste en lallumage rituel de la
bûche de Noël. Cacho le feu signifie lallumer
: on dit même Bouta cacho-fio, cest à dire
bouter le feu à la bûche.
Celle-ci
doit être traditionnellement de bois fruitier (poirier,
cerisier, olivier ). La plupart du temps, la cérémonie
a lieu devant la cheminée avant de se mettre à
table. Le plus jeune et le plus vieux mettent le feu à
la bûche, que lon arrose par 3 fois de vin cuit
en entonnant : " Que la bûche se rejouisse demain
sera le jour du pain, que tout bien entre ici, que les femmes
enfantent, les chêvres chevrottent, les brebis agnellent,
quil y ait beaucoup de blé et de farine, et de
vin une pleine cuve ". Le rite du feu caché
étant destiné à laisser présager
le feu neuf, le feu du premier soleil de lannée
qui s annonce.
Avant
la messe proprement dite, a lieu la veillée : cest
un instant de recueillement agrémenté de chants
et de musique. Les Noëls y sont à lhonneur
et repris en coeur avec plus délan quautour
du cacho-fio. Les gens qui ne comprennent pas le provençal
les prennent pur des cantiques bien quils ne soient pas
toujours exempts de caractères profanes.
En
Haute Provence, le vin peut être remplacé par de
lhuile dolive qui a pour avantage de favoriser lembrasement
; en montagne la bénédiction se fait avec du bouillon
de crouiche, sorte de pâte fraîche ou lasagne qui
figurait parmi les plats traditionnels de la région.
Le
Gros Souper : Il a lieu juste après le Cacho-fio,
le 24 décembre au soir, avant la messe de minuit : cest
un repas maigre mais il nécéssite une véritable
mise en scène : La table est dréssée sur
3 nappes blanches, les unes sur les autres ; elle est ornée
de 3 grosse bougies blanches, symboles de la trinité
et de lEspérance, ainsi que de petits houx à
boules rouges, quelquefois de rose de Jéricho et dans
trois écuelles, du blé de Ste Barbe, semé
avant le 14 décembre.
Au
menu, 7 plats maigres en souvenir des 7 douleurs de la Vierge
Marie, comprennant les légumes traditionnels : le chou
fleur, le cardon, le céleri, artichaut, servis soit à
lhuile dolive préssée, soit en sauce
blanche accompagnés dune anchoïade. Tout repas
maigre implique la présence de poisson, le plat traditionnel
reste la morue séchée en raquette salées.
En
Arles, il nétait composé que des produits
du pays : " muge en raito " dans sa sauce
rousse parsemée dolives noires, carde ou cardons,
escargots bouillis que lon enlevait de la coquille avec
une épine et que lon mangeait avec laïoli,
filets danchois nageant dans lhuile, coeur de céleri
cru ou carde, blanchi en terre.
Le
repas gras : Le Réveillon suit la messe de minuit.
Le décor de fête présenté est celui
dune ambiance feutrée. Cest le royaume des
gourmets, il ya abondance de mets, gibiers, rôtis
et toutes sortes de vins de Provence. On appréciera pour
finir les délicates pâtes de fruits et lassortissement
de chocolats des grandes boites " maison "
accompagnés de subtiles liqueurs du terroir.
Le
repas de Noël : Ce repas traditionnel a lieu le 25
décembre à midi : celui-ci doit comporter des
plats maigres, servis en abondance en présage de prospérité,
les 13 desserts, et la dinde est à lhonneur. De
même, il était de tradition de manger les pains
de St Etienne ou Estevenoun, que les parrains et marraines donnaient
à leurs filleul et susupendaient aux rameaux distribués
à cette fête. La plupart du temps, ils prenaient
la forme de colombe ou de St Esprit. Cest aussi loccasion
dapprécier les apéritifs à base de
noix, dorange ou de pêche que chaque provençal
conserve précieusement. La bûche de Noël sera
accompagné par les 13 desserts.
Le
25 au soir, afin de se reposer, il est tradition de proposer
la soupe à lail (laigo boulido).
LAn
Nouveau : En Provence plus quailleurs, le décor
bâti la fête. Le premier jour de lannée,
le coq doit être servi, bien gras pour le four et farci.
Accompagné de 12 perdreaux, 30 truffes, noires et 30
oeufs. Le coq symbolise lannée à venir,
les perdreaux les 12 mois, les truffes les nuits, et les oeufs
les jours.
LEpiphanie : Pour larrivée des Rois
Mages, dans le pays provençal petits et grands pour le
dessert au lieu dune galette, une brioche garnie de fruits
confits du pays dApt arrosé dun vin Frizzant
de Muscat et pour le plaisir des gourmands, des calissons des
amandes, des oursins et marrons glacés présentés
sur une nappe Estello. Lusage veut que celui qui obtient
la fève offre le gâteau. Une bonne raison pour
certains de lavaler.
Les
Pastorales : Outre les cantiques et les Noëls chantés,
le cérémonial de la messe de minuit comporte des
pastorales. Son nom vient de ce que les bergers (lei pastre)
en sont les principaux personnages. Véritables mystères,
au sens du théâtre médiéval, elles
étaient dabord joués dans léglise
même, faisant partie du rituel de la messe, la cérémonie
fût ensuite repoussée hors des murs du temple de
Dieu.
La
pastorale est la représentation théâtrale
et vivante de la Nativité, elle évoque avant tout
la marche à létable et la pieuse dévotion
au nouveau né. Le sujet ne varie guère : cest
lhistoire de St Joseph cherchant vers Bethléem
un logis pour la nuit, allant de porte en porte, de logis en
logis jusquàce quon lui indique une grotte
où sa famille trouvera abri.
Parmi
les plus célèbres, citons :
- La pastorale Maurel (1844) du nom de son auteur Antoine Maurel
: fils douvrier au quartier St Jean à Marseille,
il était miroiteur-doreur. Membre du cercle Catholique
des ouvriers dirigé par labbé Julien, cest
à la demande de ce dernier quil écrivit
" Le Mystère de la naissance de N.S Jesus Christ "
en 1844 ; le succés est si vif que le spectacle ne tardera
pas à être joué sur toutes les scènes
marseillaise et régionales.
- La pastorale de Bellot.
La
pastorale Maurel, représentée chaque année
dans la région dAix Marseille, met en scène
la marche de létoile, de la bello estello. La marche
de létoile, pélerinage improvisée
est en fait une course au miracle. Cette pastorale comprends
5 actes en vers provençaux, à lexception
du 4ème, rarement joué, dont les personnages (Hérode
et les Rois Mages) sexpriment en français.
Le
1er acte raconte Le Réveil des Berger par lange
annociateur de la bonne nouvelle. Le 2ème a pour titre
Le Réveil des Vieux du village. Le 3ème
acte comporte 2 tableaux : le 1er se déroule devant la
Ferme où tout le monde se regroupe avant le départ
pour Béthléem, et le second autour du Puits où
les Peureux sont térrorisés par le Bohémien
(cela peut être aussi le 4ème acte Lou Boumian)
. Le dernier acte est consacré à lAdoration
des Mages et des Bergers devant létable de
Béthléem.
Parmi
les autres pastorales provençales, citons encore celle
de la Nieue de Nouvé, due à labbé
Moyne, de Sarrians, la Neissenco du Christ, présentée
par les habitants de Courthezon (Vaucluse).
Le
Pastrage : Noël est avant tout une cérémonie
pastorale. Il faut rappeler que le solstice dhiver correspond
naturellement à la période de lagnellage.
Par conséquent, la présentation dun agneau
à la messe de minuit ne peut être dissociée
des soucis dune population qui vit essentiellement de
lélevage ovin. La cérémonie depastrage
la plus célébre est aujourdhui celle des
Baux. Les bergers et les bergères se rendent à
la procession. Le prieur, devant lautel, prend lagneau
dans ses bras, fait le récit du voyage que lui et ses
compagnons ont dû faire, à travers collines et
vallons, avant leur adoration.
Le
pastrage se fait également à Barbentane, Eygalières,
Fontvieille, St Martin de Crau, en plein coeur du pays mistralien,
avec quelques varaintes.
Les
creches et santons : On fait remonter lorigine de
la fameuse crêche provençale au XIIeme siècle,
en Italie : à cette époque, dans les églises
italiennes, on représente les personnages de la Nativité
par des sculptures mobiles, cest à dire non-fixées
; les crêches italiennes franchirent nos frontières
au XVIIeme siècle pour devenir proprement provençales.
La
crèche authentique est en fait une représentation
idéale du village provençal, chacun y a sa place
: le meunier, le boulanger, le berger, létameur,
la marchande de poissons... Le décor-même de la
crèche est une projection de la vie communautaire et
symbolise le décor parfait avec son hameau, ses maisons
gigognes, son puits, son moulin, son four et son pigeonnier,
ses animaux domestiques.
Il
semble que la crèche soit fort ancienne : on accorde,
en effet, son invention à St François dAssise
qui, au XIIIe, fit dans une étable abandonnée
des Abbruzzes, représentant des personnages et
des animaux vivants : le jeu de la Nativité. Mais la
mère du Saint, Pica Bernardone, de la bonne maison de
Bourlemont, était provençale des bords du Rhône,
de Tarascon. Alors, doit on en déduire que la mère
de St François aurait exporté les premiers santons
? Peut-être, on a retrouvé plusieurs figurines
grecque et romaine ; dont la danseuse des Alyscamps, santon
profane, décapitée, à la maison Carré
de Nîmes.
Daprès
Marcel Provence, des savants lui aurait expliqué lorigine
du mot santoun, qui viendrait des Indes et dArabie.
Cest ainsi que lon nomme chez les Maures et les
Indiens, " lou feinat ", immobile, idiot,
figé aux portes des mosquées.
En
provençal, santoun vient de santoni en
italien, petits saints, les petits saints de Noël. Car
bien avant de rencontrer le santonnier provençal, on
trouve à Marseille, litalien vendeur de santibelli.
En Toscane, ce mot désignait les enfants qui ne savent
pas jouer, les empotés. Les vrais santibelli étaient
de petits personnages en plâtres, représentant
la Vierge, les Saints, des Eveques, des Cardinaux, des moines,
et le Pape, peinturlurés comme le font les mauvais gens
de St-Sulpice. Les marchands palermitains de santibelli
avaient leurs ateliers et leur boutique place Neuve. Cest
peut être là que furent vendus les premiers santons
marseillais, puis, ce fût chez les bouchonniers de la
rue Coutellerie et de la rue Fabre.
Peu
avant Noël, on plaçait les figurants de la crèche
sur lautel ; de bois sculpté, ces figurines se
transformèrent au XVIIe pour devenir des sortes de mannequins
habillés détoffe dont seuls les pieds et
la tête étaient modelés. Ce nest pas
avant le XIXe siècle que lon commence à
fabriquer des santons en terre dargile crue.
Cest
aussi au XIXe siècle que les personnages des crèches
parlantes rejoingnent ceux plus classiques que des crèches
déglise, tandis que les crèches vivantes
se transforment en pastorales.
Les
crèches parlantes, leurs spectacles mi religieux mi folkloriques
connaissent un large succès, leurs automates et leurs
remouleurs articulés fascinent les enfants.
La
fabrication des santons : La crèche, cest dabord
le santon. Tous les santons font lobjet dune ébauche
en terre crue que le santonnier laisse sécher avant de
la vernir. Il fabrique ensuite un moule en plâtre, plus
rarement en résine. Le santon est ensuite moulé
avec de la terre de Salernes, une terre trés fine, ou
encore en terre dAubagne, vieillies toutes deux en ilo
pendant 20 ans. Le santon est ensuite ébarbé au
socle et dans son pourtour avant une deuxième pression
à la main sur le moule : on le laisse sécher à
lombre puis on lébarbe à nouveau une
fois sec.
On
peint ensuite à la gouache les couleurs les plus claires,
donc le visage, puis les plus foncées.
Les
personnages sont sculptés en référence
à la pastorale Maurel, certaines localités rajoutent
des personnages, en fonction de leur histoire.
Le
premier santon est dorigine marseillaise, le moule le
plus ancien étant celui de Lagnel. Il est présenté
au musée du Vieux Marseille. Le véritable essor
de la crèche provençale commence avec la Révolution
et linterdiction des messes de minuit et des crèches
dans les églises. Les Marseillais, trés attachés
à leurs crèches, prirent linitiative dinstaller
des crèches dite publiques que des particuliers réalisaient
chez eux et faisaient visiter moyennant 2 sols. Lusage
naquit alors de faire une crèche dans chaque foyer.
Les
Foires aux santons : La foire de Noël surtout, les
marchés sont fort achalandés : tel celui des santons
sur les allées de Meilhan à Marseille où
il est coutume daller acheter ces figurines de terre cuite
qui garniront la créche. En effet, la tradition marseillaisede
la foire aux Santons est née à la fois de la ferveur
populaire pour la célébration de la Nativité
et de lapparition de cette figurine typiquement provençale
quest le santon.
Certains
auteurs avancent lorigine de la foire aux santons à
Marseille à 1803, où lon dénombre
déjà quelques vendeurs qui sont installés
au cour Saint-Louis.
Rapidement,
prend forme ce quallait devenir la foire: dès 1808,
la Municipalité autorise officiellement les vendeurs
à sinstaller cours Belsunce, à partir du
mois de décembre et jusquau 15 janvier. Cependant,
ces santons dargile voisinent encore avec dautres
en plâtre et divers objets.
Le
lieu dinstallation ainsi que la durée de la foire
ont, au XIXe, varié maintes fois. Ainsi, sous la restauration,
la foire ne sinstalle que huit jours avant la Noël.
Après
sêtre déroulée tour à tour
cours Saint-Louis, boulevard Dugommier , cours Belsunce et sur
la Canebière, un arrêté municipal linstalle
en 1833 à son emplacement actuel, allées de Meilhan,
où elle est chaque année inaugurée au son
du fiffre et du tambourin.
En
1937, la ville dAix-en-Provence inaugure sa première
foire aux santons, rue ditalie et plus récemment
Aubagne décide en 1967 dorganiser la sienne, cette
dernière se tient actuellement cours Maréchal-Foch.
Chaque
santonnier a , en fait, créé quelques types en
sinspirant du folklore et de la tradition comme le bergeroffrant
lagneau, rappel du partage, et de lafemme à la
poule noire dont le bouillon était recommandé
aux nouveaux-nés.
Ainsi,
on retrouvera parmi ces silhouettes dabord les premiers
rôles, les incontournables :
- La Ste Famille : inspirée de limagerie
pieuse, lEnfant-Jésus a le buste et les jambes
nus. A son chevet, Marie et Joseph sont debout ou à genoux
: elle, vêtue dune tunique rose ou rouge et dun
manteau bleu ; lui, dune tunique grise ou brune et dun
manteau jaune. Généralement en blanc, lAnge
annonciateur peut figurer sous les traits de " lAnge
Boufareu " (joufflu), soufflant dans sa trompette.
- Lâne et le boeuf : toujours représentés
agenouillés, le boeuf curieusement de même dimenson
que lâne.
- Les bergers : en groupe et près de leur troupeaux.
Emmitouflés dans leur houppelandes brunes, ils sont couchés
ou debout (appuyés sur leur bâton), en compagnie
dun chien. Un jeune pâtre portant un agneau peut
se tenir à lentr ée de létable.
- Le Ravi : coiffé dun bonnet de nuit, les bras
levés dans une attitude extatique, il ne posséde
pas de jambes : dans la mesure où on ne le voit quà
sa fenêtre, émerveillé par ce quil
vient dapprendre.
- Lou Boumian : bnrun de peau, chapeau noir, barbu, cape
et taillole rouge sang, botté et coutelas à la
ceinture, il est le voleur denfants, le marginal inquiètant
en quête de mauvais coups.
- LAveugle et son fils : habit gris et noir. Toujours
guidé par le fils qui lui reste. Il a perdu la vue pour
avoir trop pleurer la disparition mystèrieuse de lautre
garçon (enlevé par le Boumian). Ls deux personnages
sont sur le même socle.
- Le Rémuleur ou " lAmoulaire "
: grand tablier de cuir, trogne enluminée, il est porté
sur la bouteille. Une gourde pend immanquablement au bras de
sa meule quil pousse en zigzagant.
- Le Meunier : tout de blanc vêtu, taillole rouge
et bonnet, il porte sur lépaule un sac de farine,
ou est juché sur un âne.
- Pistachié et Jiget : deux valets de ferme destinés
à faire rire. Pistachié ou Barthoumiou est chargé
de deux énormes paniers remplis de victuailles et, autrement
visibles, dune pompe à huile et dune morue
sèche.Avant tout comique dans la pastorale Maurel (il
bégaie), le Jiget dargile est beaucoup moins typé.
On a tendance à le confondre avec le Ravi de la crèche.
- Les Vieux : ils sont trois. Le couple Jordan-Margarido,
bras dessus-bras dessous, sans cesse en affectueuses querelles.
Habit de bonne mise : lui en jaquette, gilet brodé et
lanterne à la mian ; elle, coiffe de dentelle et châle
fleuri, un panier dosier au bras. Tous deux sont escortés
de lami Roustido, dont la tenue recherchée témoigne
de la position sociale (ancien notaire) dans le village. Souvent
muni dun grand parapluie rouge.
Ensuite
pour finir, on y met des figurants, tous les petits métiers
du siècle dernier :
-
le boulanger et son panier de fougasses,
-
la marchande dail,
-
la poisonnière,
-
les valets de ferme portant lanternes,
-
le pêcheur et son filet sur lépaule,
-
la femme à la cruche qui vient de puiser leau fraîche.
La
St Eloi : Daprès sa légende, saint Eloi
était forgeron. Trés populaire en Provence, il
était fêté à 2 reprises dans lannée
:
- grand protecteur des chevaux, des mulets et des ânes,
les paysans le fêtaient en été en amenant
leurs bêtes devant léglise paroissiale pour
recevoir sa bénédiction annuelle.
- il était aussi fêté en hiver, le 1er décembre,
sous le nom de St Eloi dhiver.
Tous
corps de métier qui avaient rapports aux chevaux et aux
mulets se placèrent sous le patronnage du grand St Eloi,
si bien que ce dernier était représenté
sur le blason de ces différents corps de métier.
Ainsi, les maîtres maréchaux ( ferrant) de Marseille
arboraient sur un blason dazur un St Eloi vêtu en
évêque, tenant dans sa main droite sa crosse dor
et dans sa main gauche un marteau.
La
Ste Barbe : Ste Barbe était jadis trés populaire
en Provence. Belle et courtisée, Barbe refusa les honneurs
qui étaient réservés aux personnes de son
sexe pour se consacrer à Dieu.
Elle
se fit baptiser contre la volonté de son père
qui, peu après lavoir appris, fit enfermer sa fille
dans une tour. Il la livra enfin aux bourreaux et avec eux la
martyrisa.
Lorsquelle
fut sur le point de rendre lâme, un orage éclata
et la foudre vint frapper à morts ses bourreaux. Cela
sest passé au IIIème siècle. ( extrait
de lalmanach provençal ).
Dans
toute la Provence, on se mit à invoquer Ste Barbe le
4 décembre. Ce jour là, les Provençaux
mettent des grains de blé et des lentilles dans une soucoupe
pleine deau quils placent sur le dessus de la cheminée
pour tirer les présages de la moissons future le jour
de Noël.
Si
le 25 décembre les grains avaient bien germé,
la moisson était bonne ; si au contraire les grains était
pourris, il fallait sattendre à de tristes moissons.
Parfois,
au lieu de placer les grains de blé ou les lentilles
dans une soucoupe, on entourait une bouteille dune toile
mouillée pour la rouler sur des grains de cresson. Si
le cresson était vert à Noël, on pouvait
espérer une belle moisson à venir.
Enfin,
Ste Barbe était en Provence, la patronne des bravadaires
et des groupes de compagnies armées.
Les
Bravades : Lorigine de la manifestation remonte aux
temps où les processions religieuses devaient être
protégées par une milice armée, le guet,
qui, comme la garde suisse du pape, a fini par devenir un parade
quelque peu folklorique.
Aux
époques dinvasion des villes assiègées,
la population était obligée de sortir de ses remparts
sous la protection des hommes les plus valides, organisés
en guet et sous la conduite dun capitaine dont la charge
devint trés honorifique. Ainsi, St Tropez, cité
littorale, fut longtemps la proie des brigands des mers.
Aussi,
les Tropéziens conservaient leurs armes pour protéger
contre les attaques imprévues des pirates la procession
qui se rendait tous les ans àla chapelle de St Tropez,
hors des murs.
Aujourdhui,
la bravade de St Tropez est lune des plus spectaculaires
de la Provence et les Tropéziens continuent à
faire peur aux pirates en sassourdissant mutuellement
à coups de tromblons.
Lart
du Boutis provençal : On pourrait définir
le boutis comme une pièce de coton ornée de motifs
en relief, une espèce de sculpture sur tissu que lon
obtient par piquage et bourrage.
Les
premiers piqués furent importés à Marseille,
en provenance des Indes ; ce nest quau XVe siècle
que sinstallent les premiers ateliers de couture de Marseille,
Avignon, Aix et Arles. Le developpement des textiles prend de
lampleur et conduit à une vraie révolution
dans la seconde moitié du XVIIe siècle : époque
où limportation du coton blanc se fera massivement,
tandis que commencent à affluer en parallèle les
toiles de coton peintes, les Indiennes.
En
1660, on compte prés de 6000 femmes employées
à Marseille dans la production de toiles piquées.
Piqués
blanc et indiennes multicolores sont réclamés
par toutes les cours dEurope ; lengouement pour
ces nouvelles fibres fut tel que les industries françaises
de la laine ,de la soie et du velours furent menacées.
Un
décret royal fut promulgué en 1689, prohibant
toute importation, fabrication ou port dindiennes ; interdit
qui ne fut levé quen 1759. La prohibition des indiennes
va contribuer à developper les ouvrages de piqués.
Lindustrie
textile provençale prospère pendant les XVIIe
et XVIIIe siècles, période faste où apparaissent
et se développent les boutis.
Puis
les temps et la mode changent. Le dernier boutis est daté
de 1869.
Aujourdhui,
le boutis est revenu au gout du jour, des livres sont édités,
et des stages sont régulièrement organisés
tout au long de lannée ; et ce sont quelques 300
femmes qui sont devenues " boutisseuses "
professionnelles. Les outils nécessaires pour pratiquer
sont on ne peut plus simple : une aiguille à piquer courte
et fine, une autre à tapissier pour bourrer, qui remplace
lancienne aiguille à boutis à deux chas.
Frédéric Mistral disait poétiquement dans
Mireille que cet ouvrage " ressemble à un pré
dont le givre brode de blanc les feuilles et les pousses ".
Le principe déxécution ne parait pas compliqué,
dailleurs 6 heures suffisent pour apprendre la technique
élémentaire. On part dun motif décoratif
que lon dessine sur la toile de coton de dessus ; les
contours du dessin sont piqués par de petits points au
fil blanc sur une seconde toile du dessous. Les tissus étant
tendus sur un tambour ou un cercle à broder. Quand le
tout est piqué, on retourne louvrage sur le métier
et on introduit dans lenvers par de petits trous, entre
les épaisseurs de toile, des mèches de coton :
cest le bourrage qui permet dobtenir le relief souhaité
des motifs.
La
beauté dun boutis vient de sa finesse déxécution,
de loriginalité et de la richesse du décor.
Disposition souvent géométrique de sujets végétaux
ou animaux, selon une symbolique convenue. Et bien sur, on utilise
de préférence un coton de la finesse dune
batiste. Le statut social peut être souligné par
un monogramme ou des rangs de perles stylisées.
Les
beaux boutis vont garnir le trousseau de la jeune mariée
(jupons de dessous, vanes ou courtepointes de lits), ou enrichir
la layette du pitchoun (brasières, bonnets, bavoir et
petassoun).
La
Santo-Estello (Saint Estelle, Santo Estello, Saint-Estelle)
La
santo-Estello est le Congrès du Félibrige, qiu
se tient toutes les années pour Pentecôte dans
une ville différente dans le Midi de la France. Plus
de 500 félibres issus des 7 maintenances du Pays dOc
(Auvergne, Catalogne, Gascogne-Béarn, Guyenne-Périgord,
Languedoc, Limousin, Provence) se rassemblent pour dresser un
bilan des activités de lannée écoulée
mais aussi, à loccasion des diverses réunions
statutaires, pour définir les grandes orientations qui
seront celles du mouvement au cours des années futures.
La santo-Estello donné lieu également à
dimportantes manifestations publiques. La culture des
pays de langue dOc sy exprime sous toutes ses formes
: concerts, spectacles de théâtre, conférences,
expositions, spectacles folkloriques...sont au rendez vous.
A ce titre la Santo-Estello reste la plus grande manifestation
de culture populaire qui na jamais eu aucun équivalent
ni en Provence, ni en Pays dOc